Trois exemples
de rêves dans l’art ancien du bouddhisme
Le mot sanskrit svapna désigne à la fois le rêve et le sommeil. C’est un des quatre stades
de la conscience : dans le rêve, on voit quelque chose qui vient de l’extérieur, ce qui rapproche le rêve indien de la notion tout aussi indienne de darśana, la vision bénéfique du dieu ou du souverain.
Le Milindapañha, ou Questions de Milinda, ouvrage bouddhique célèbre, distingue six sortes de rêves. BuddhaghosÌ£a en distingue quatre. Seuls les gens qui ont obtenu la perfection ne font pas de rêves. Si la mère du Buddha s’est souvenue de son rêve, c’est qu’elle n’était pas parfaite.
Le rêve de la mère du Buddha, Māyā, est représenté dans tous les pays touchés par le bouddhisme, de l’Asie centrale et du Gandhāra à l’Asie du sud-est. Au Gandhāra, on en connaît aujourd’hui 46 représentations. Mais la plus ancienne représentation se trouve à Bharhut et date du 1er siècle avant n.è. La reine est couchée
sur son flanc droit ; l’éléphant qui représente le Buddha et descend vers elle est tourné vers la gauche. On notera au pied du lit la présence d’une aiguière et d’une lampe.
La littérature bouddhique donne plusieurs versions de ce rêve et de son interprétation par les brahmanes. Les représentations du Gandhāra montrent la reine couchée tantôt sur le flanc droit, tantôt sur le flanc gauche : ce qui compte, ce n’est pas le côté par lequel pénètre l’éléphant (le futur Buddha), mais sa position ensuite dans le flanc droit car c’est là que se développe un enfant māle.
La lampe et l’aiguière sont présentes dans beaucoup des représentations
indiennes et sud-est asiatiques du rêve de Māyā. Ce sont probablement
des indices destinés à souligner que la chambre où dort la reine
a été purifiée.
Deux autres rêves apparaissent dans les récits de la vue du futur Buddha, celui de sa femme et celui de son père. Tous deux ont un rêve prémonitoire, interprété par les experts comme prédisant la sortie du monde du
futur Buddha, donc le fait qu’ils les abandonnera. On ne connaît pas pour l’instant de représentation du rêve du père. Celui de son épouse est connu par une seule représentation, un relief gandharien du Musée de Toronto.
Le ,Lalitavistara décrit cinq rêves précurseurs du futur Buddha, lui prédisant –après itnerprétation- son futur destin. Ils sont représentés en Birmanie seulement, à Pagan .
Il est clair que les artistes du Gandhāra ont privilégié le rêve de Māyā, pour des raisons qui nous échappent encore.