Le Musée du Louvre présente du 2 mai au 28 juillet 2014 une exposition sur le « Louvre Abu Dhabi, Naissance d’un musée ». Y sont exposées des Å“uvres achetées, sur les conseils des conservateurs du Musée du Louvre, pour le nouveau musée d’Abu Dhabi en cours de construction. Ce musée sera un musée généraliste ; les achats portent sur des objets, peintures, sculptures de toutes les parties du monde et de toutes les époques. Certaines Å“uvres exposées sont d’un intérêt exceptionnel pour qui s’intéresse à l’art et aux religions d’Asie centrale et de l’Himalaya. On notera en particulier une statuette féminine composite en pierre présentée comme la « princesse de Bactriane », et qui représente plutôt une divinité féminine. Une dizaine d’exemplaires de statuettes de ce type est connue, dont une exposée de façon permanente au Louvre, mais celle du futur Musée d’Abu Dhabi est d’une taille et d’une beauté remarquables. Ces statuettes sont caractéristiques de la civilisation dite de l’Oxus ou BMAC, datent de 2200-1800 avant n.è. et proviennent de Bactriane ou de Margiane.
Une vitrine présente l’ensemble des reliquaires et offrandes jadis enterrés dans le stupa restauré par Senavarma, mais sans l’inscription où celui-ci raconte les circonstances de la restauration du monument. Cette inscription est d’une importance majeure : c’est la plus longue inscription kharoshthi connue. Elle est à peu près datée (environ 30 de n.è.) et localisée (basse vallée du Swat ou vallée montagneuse proche de Peshawar). Elle abonde en formules bouddhiques qui permettent de juger de l’état des croyances religieuses à une époque cruciale de l’évolution du bouddhisme puisque c’est le moment où s’élabore la doctrine qui sera appelée le Grand Véhicule (mahāyāna). Elle donne des renseignements historiques très importants sur une dynastie locale, sur la famille des empereurs kouchans et sur la cour du roitelet (Senavarma) qui a dédié ces objets. L’imposant reliquaire en bois doré qui contenait l’inscription est exposé ainsi que l’assemblage d’offrandes qui l’accompagnait, dont deux stūpas, l’un en argent, l’autre en or et cristal, exposés en pièces détachées, non remontés. D’autres offrandes ne sont visibles sur aucune des photos publiées. L’étude des ces assemblages d’offrandes est très important car ils ont une valeur symbolique, chronologique (ils contiennent des éléments de datation) et politique (certains objets ont probablement été déposés par des membres de la cour de Senavarma). Le contenu de cette vitrine donne une image beaucoup plus fidèle et beaucoup plus impressionnante des rites de fondation bouddhiques que les seuls reliquaires.
On notera aussi une statue de bodhisattva gandharienne grandeur nature et deux têtes gigantesques de Buddha, l’une de Mathura, l’autre chinoise. L’art iranien et centrasiatique d’époque musulmane est très bien représenté.