Mardi 18 novembre 2014 :
par Nicolas Sihlé, Chargé de recherches, Centre d’études himalayennes, CNRS
Cette présentation aborde la figure du tantriste tibétain, un spécialiste religieux bouddhique ou bönpo, appelé le plus souvent ngakpa en tibétain. Ces religieux sont caractérisés par (i) leur état non monastique (il s’agit en général de maîtres de maison, agriculteurs ou éleveurs, qui s’engagent en parallèle dans cette voie religieuse, le plus souvent de père en fils), et (ii) par comparaison au clergé monastique, leur spécialisation plus exclusive dans la pratique de rituels tantriques.
Souvent dénigrés dans la littérature tibétaine, les tantristes sont toutefois recherchés, pour certains à grand prix, comme spécialistes du pouvoir rituel fort, et entre autres de la violence rituelle : exorcismes puissants pour remédier à l’infortune (maladies persistantes, morts en série…), voire – au moins dans les représentations, si ce n’est, parfois, dans la pratique effective – rituels d’agression dirigés contre des ennemis humains. Même si ce versant plus violent peut n’occuper qu’une partie limitée de l’activité religieuse d’un tantriste, il pose problème dans un contexte bouddhique et connote fortement la figure du tantriste en elle-même.
Les données sont tirées d’enquêtes portant principalement sur deux régions, situées aux extrémités opposées du monde tibétain : le Mustang inférieur, une petite société tibétaine de la périphérie himalayenne (située dans le nord du Népal), et le Repkong, un district situé au cÅ“ur d’un foyer démographique, culturel et religieux majeur dans le nord-est tibétain (et faisant partie aujourd’hui de la province chinoise du Qinghai).