Mardi 16 décembre 2014 :
Birgit Kellner, Professeur Chaire des Etudes Bouddhistes, Université de Heidelberg
Au cours de l’histoire longue et complexe du bouddhisme, les écritures bouddhistes – textes censés exprimer les mots d’un Bouddha, ainsi que celles des maîtres qui font autorités – ont été rendues dans un grand nombre de langues. Des projets de traduction à grande échelle et à long terme ont produit un corpus énorme en chinois et en tibétain, avec un impact durable sur la production littéraire culturelle et vernaculaire. En Asie centrale, la traduction en langages vernaculaires est devenue peu à peu la méthode de choix, tandis que la tradition Theravada en Asie du Sud et du Sud-Est a maintenu jusqu’à récemment le Pali comme langue religieuse officielle et a choisi d’accompagner le canon «formel» des écritures avec des Å“uvres en langages vernaculaires qui ont agi comme canon «pratique» utilisé dans les contextes locaux.
Dans des paramètres orientés vers la traduction, les proclamations de règles et de règlements, l’exposition des normes, et les controverses entre «bonnes» et «mauvaises» traductions révèle un éventail complet des attitudes de la relationnalité culturelle dont la traduction est un rappel continu. Cet exposé tentera de caractériser cet éventail et de soulever des questions plus générales concernant l’étude de la traduction dans le bouddhisme, s’appuyant sur deux éminentes voix tibétaines comme point de départ : les décrets royaux de la fin du 8ème-début du 9ème siècles et les manuels connexes (tel que Sgra sbyor bam po gnyis pa), et le traitement de la traduction par le moine érudit Sa skya paṇá¸?ita Kun dga’ rgyal mtshan (1182-1252) environ quatre siècles plus tard.