Anna-Maria Quagliotti, Vice-Présidente de la SEECHAC depuis sa fondation, est décédée le 17 août 2016, à Rome. Elle était āgée de 70 ans. Nous l’avions vue pour la dernière fois le 27 juin dernier lors de l’Assemblée Générale de la SEECHAC à laquelle elle avait tenu à participer bien que déjà dans un état de faiblesse extrême.
Héritière d’une grande famille italienne, ce dont elle ne tirait aucune vanité et n’avait voulu tirer aucun avantage, elle s’était fait connaître comme une des grandes spécialistes de l’art indien ancien et de l’art de l’Asie du sud-est. Elle avait fini sa carrière comme Professeur d’histoire de l’art indien à l’Université « L’Orientale » de Naples, l’une des plus prestigieuses universités italiennes pour les études orientales. La notice biographique qu’elle avait donné à la SEECHAC et qu’on peut consulter sur ce même site (https://seechac.org/asso/biblio-anna-maria-quagliotti/) peut donner une première idée de son apport à l’histoire de l’art des pays indiens et indianisés. Formée auprès des meilleurs maîtres italiens (elle reconnaissait en tout premier lieu sa dette envers Mario Bussagli et Paolo Daffina), parfaitement quadrilingue (italien, allemand, anglais, français), ayant beaucoup voyagé en Asie (Inde, Thaïlande et Cambodge, Japon), elle s’était très tôt spécialisée dans l’iconographie de l’art bouddhique ancien et des peintures de Thaïlande. Ses publications, qu’il n’est pas question de commenter ici en détail, se distinguent par la volonté d’expliquer à partir des textes les énigmes iconographiques que posent certaines représentations. Elle ne raisonnait jamais à partir d’une pièce unique, mais commençait par faire l’inventaire de toutes les représentations d’un même personnage ou d’une même histoire. C’est à partir de cet ensemble qu’elle comparait les images et les textes, qu’elle connaissait fort bien : c’était une dévoreuse de livres. Les adhérents de la SEECHAC ont pu juger des résultats de cette méthode lors des nombreuses conférences qu’elle nous a données.
Elle aimait beaucoup Paris, où elle avait vécu 16 ans et où elle avait beaucoup d’amis. Depuis quelques années, elle y fêtait son anniversaire dont la date coïncidait à peu près avec celle de notre Assemblée Générale, ce qui lui permettait de réunir autour d’elle ses nombreux amis. Elle avait participé avec enthousiasme à la fondation de la SEECHAC et avait beaucoup fait pour notre société, en particulier en convaincant de nombreux collègues italiens d’y adhérer. Avec son et notre collègue M. A. Polichetti, elle avait superbement organisé le deuxième colloque de la SEECHAC qui s’était tenu à Rome au Museo d’Arte Orientale en 2011. La disparition coup sur coup de collègues qu’elle révérait, M. Taddei et D. Faccenna, celle de l’IsIAO (ex-IsMEO) et de sa revue East and West à laquelle elle avait beaucoup collaboré, la fermeture de la bibliothèque de l’IsIAO et l’étouffement progressif et programmé des études orientales à Naples, l’avaient énormément affectée.
Dotée d’un franc parler qui ne lui valut pas que des amis, passionnée par son métier, très généreuse en tout et en toute discrétion, très hospitalière, elle était aujourd’hui reconnue comme l’une des meilleurs spécialistes de l’art du Gandhara, sur lequel elle a beaucoup écrit. Elle a joué à la SEECHAC un rôle très important, aidant à en faire une association réellement européenne. Sa disparition laisse un grand vide, et son amitié nous manquera.