Mardi 28 mai à 18H00 à la Maison de l’Asie, 22 avenue du Président Wilson, 75016 PARIS.
Conférence par Georges-Jean Pinault, EPHE, PSL.
La littérature dans les deux langues tokhariennes (A et B) est connue par des manuscrits, le plus souvent fragmentaires, conservés dans diverses institutions, musées et bibliothèques, et datables du IVe au XIe siècle de notre ère. Ils témoignent de la floraison d’une culture bouddhique très riche, qui s’est manifestée aussi par des productions artistiques (peintures, sculptures, etc.). Les marchands et la noblesse locale furent très actifs dans le soutien des communautés bouddhiques, entre autres en commandant et finançant la copie d’un grand nombre de manuscrits. Le projet HisTochText (« History of the Tocharian Texts of the Pelliot Collection», ERC Advanced Grant. Horizon 2020. Action number 788205), poursuivi de 2018 à 2024, a permis d’obtenir des résultats sur plusieurs aspects du bouddhisme pratiqué dans la région de Kucha, sur la branche de la « Route de la Soie » au nord du désert du Taklamakan : fabrication locale du papier, variations dans le format des manuscrits en fonction du type de texte, développement d’une littérature locale à partir de modèles indiens. Grâce aux techniques d’imagerie, il a été possible de progresser dans la lecture de plusieurs manuscrits. L’interprétation des textes tokhariens n’est possible que par la confrontation avec des textes rédigés dans d’autres langues du bouddhisme. On présentera des cas précis : un drame sur la rencontre avec Maitreya, composé en tokharien A et traduit en turc ancien, un drame sur la légende de la vie du Buddha (Buddhacarita) en tokharien B, et un texte composite en tokharien A, analogue au manuscrit Bower, qui contient notamment un manuel de divination par kybomancie.