Des poubelles aux vitrines : recherches récentes sur les tissus de Dunhuang
par Mme Laure Feugère, chargée de mission honoraire au Musée Guimet
Pelliot rapporta en 1909, outre les précieux manuscrits et les peintures de Dunhuang, plusieurs textiles (objets liturgiques comme les couvertures des textes bouddhiques, longs rouleaux de soie, bleu,rouge ou jaune ornés de Bodhisattva et des fragments de tissus comme ceux figurant sur les costumes des nobles personnages que l’on voit sur les peintures murales des grottes de Mogao). Pelliot ne s’intéressa guère à ces fragments de tissu qui étaient cependant les premiers témoignages archéologiques. Dans son carnet de voyage, il note le 7 mars 1908 “J’ai trouvé ce matin deux curieux morceaux de soie, l’une brochée l’autre brodée, plus tout un manuscrit du Prajnāparāmitahdasûtra, brodé en chaine de soie blanche sur foulard bleu extrêmement curieux”.
En 1910, les peintures et les objets de la mission furent exposés au Louvre où ils étaient déposés.
Plusieurs bannières en mauvais état furent démontées gardant seule la partie centrale, les rubans flottants de chaque côté et ceux maintenus par un raidisseur à la partie inférieure, furent séparés et mis au rebut.
Il faudra attendre 2010 pour que l’ensemble des textiles soit complètement nettoyé et inventorié.
En 1964, un grand pas fut franchi avec la nomination de Krishna Riboud par Jeanine Auboyer pour étudier ces tissus en collaboration avec Gabriel Vial, professeur à l’école de Lyon. Le premier volume sortira en 1970, mais il s’agit d’une étude technique avec de mauvaises photos en noir et blanc. Krishna Riboud reprendra, dans le volume II du Kodansha, plusieurs de ces pièces, avec des photos en couleurs permettant d’apprécier la beauté de ces pièces.
L’intégralité de la collection est maintenant étudiée et publiée dans le volume des textiles de Dunhuang (octobre 2010), sous la direction de Monsieur Zhao Feng, Directeur du Musée de la Soie en Chine.