Buddhist inscriptions in the tomb of the Qianlong Emperor (r.1736-1796): funerary ritual and virtual stupa
Conférence par Madame Françoise Wang Toutain, Chercheur, CNRS.
Thursday, may 12nd
L’un des huit grands boddhisattvas
ornant l’une des portes de pierre fermant
l’accès aux chambres funéraires
Dharani gravée en tibétain sur le mur
de l’une des chambres funéraires
Vue d’ensemble de la chambre funéraire
où sont disposés les cercueils
Prière en tibétain sur le cercueil intérieur
de la concubine
Qianlong est le quatrième empereur de la dynastie mandchoue des Qing. Sous son règne (1736-1796), l’empire de Chine connut sa plus grande expansion. Personnalité tout aussi riche que complexe il laissa une empreinte profonde dans tous les domaines de la culture chinoise. Son tombeau fut aménagé dans les Tombeaux de l’Est (Qingdongling), Ã plus d’une centaine de kilomètres au nord est de Pékin. La construction commencée en 1743 dura près de dix ans.
Malgré le pillage perpétré en 1928, la réouverture officielle de ce tombeau en 1977, en a révélé toute la richesse. Celle-ci ne tient pas aux objets inhumés aux côtés de l’empereur dont nous n’avons malheureusement plus guère de trace mais au programme ornemental qui orne les cercueils et les chambres funéraires. Si, de l’extérieur, ce tombeau suit l’architecture traditionnelle des mausolées impériaux chinois, les représentations picturales et les inscriptions qui ornent les cercueils, les murs et les voûtes confèrent à ce tombeau impérial un caractère bouddhique très inhabituel. Les archives impériales sont très laconiques sur la construction de cet édifice. Elles indiquent simplement le nom de quelques déités représentées et le fait que 29 464 caractères tibétains et 647 caractères lantsa furent gravés. De fait, ce tombeau ne comporte aucune inscription en chinois ou en mandchou.
Les inscriptions ont été notées et identifiées par F. Wang-Toutain. Elles se décomposent en prières et sutra (sur les cercueils) ainsi qu’en dharani (plus d’une centaine réparties sur les murs, les voûtes et une partie des cercueils). Leur étude a permis de mettre en évidence trois thèmes : la sacralisation du lieu, la référence à des rites funéraires bouddhiques indo-tibétains et, pour la dernière chambre funéraire, une disposition spatiale de l’écrit hiérarchisée dont l’ordre s’apparente à celui qui est suivi lorsque l’on dépose des dharani spécifiques dans les différents éléments architecturaux d’un stupa.
L’étude de ce tombeau est très importante pour comprendre les sentiments qui animaient Qianlong à l’égard du bouddhisme tibétain et donc la nature des relations qui pouvaient exister à cette époque entre la cour impériale mandchoue et le Tibet. Cet édifice, qui souffre de grandes dégradations du fait d’infiltrations d’eau récurrentes, mériterait d’être l’objet de plus d’attention car son étude ne peut que se révéler précieuse pour tous ceux qui, de façon générale, s’intéressent à l’architecture bouddhique ainsi qu’aux rituels funéraires bouddhiques.