M. G. Fussman commence par évoquer
l’existence dans l’antiquité d’un ensemble culturel cohérent
comprenant la province afghane de Jalalabad et la North-Wesrern Frontier
Province du Pakistan ou province de Peshawar, jadis appelée Gandhara.
Toute cette zone a en commun une langue écrite en kharosthi, la gandhari,
et une école de sculpture dite gréco-bouddhique.
Il rappelle aussi le rôle important
joué en Afghanistan par la DAFA (Délégation Archéologique Française
en Afghanistan) depuis sa création en 1924 à la demande du roi Amanullah
jusqu’en 1982. Depuis 1999, la DAFA a repris une certaine activité,
en particulier sur le site de Balkh et à Bamiyan. D’autre part l’Institut
Archéologique Afghan procède avec très peu de moyens à des fouilles
de sauvetage dans la région de Kaboul.
Actuellement, il y a des trouvailles
fortuites mais aussi beaucoup de pillages organisés par les chefs de
guerre, ce qui explique l’arrivée massive d’antiquités à Peshawar,
d’où elles sont exportées vers les marchés de Londres et du Japon.
M. Harry Falk, Professeur à la Freie
Universität (Berlin), explique l’importance des grottes de Kashmir
Smats au Pakistan et la difficulté pour un étranger d’y travailler
aujourd’hui. Cet ensemble de grottes fonctionna plusieurs siècles.
Il souligne que ce lieu de pèlerinage connut une période de grande
activité et fonctionna aussi comme une banque. Il évoque ainsi les
trouvailles monétaires (des milliers de pièces, essentiellement en
bronze, datant du 3ème-10ème siècles) qui modifient
la perception de l’économie et de la politique dans le Nord-Ouest
de l’Inde.
Il évoque aussi la publication de
manuscrits gandhari. Les manuscrits ne sont presque jamais trouvés
lors de fouilles officielles mais sont découverts fortuitement par
des villageois qui les donnent à leurs enfants pour jouer. Le Professeur
Falk a pu étudier cinq manuscrits provenant du Bajaur, dont une version
du Prajnaparamita sutra en gandhari qui en serait la première version
attestée (1ersiècle).
Puis M. Zafar Païman, directeur de
la fouille de Tepe Narenj à Caboul, juste revenu d’Afghanistan où
il a été superviser la fouille de sauvetage d’Aynak, évoque les
conditions de restauration et de découvertes archéologiques en Afghanistan.Le
Ministère de la Culture Afghan a sous sa tutelle le musée de Kaboul
et l’Institut Afghan d’Archéologie. Seules quelques salles ont
été ré-ouvertes dans le musée. Contrairement à ce qui a été dit,
80% des objets existent encore, mais ils nécessitent un long et coûteux
travail de restauration.Les moyens manquent malgré les efforts faits
pour former des conservateurs et des restaurateurs afghans.
Aujourd’hui la DAFA se concentre
sur les fouilles de Balkh alors que, selon M. Païman, il aurait peut-être
été plus judicieux d’aider à former des spécialistes afghans et
d’aider l’Institut Afghan d’Archéologie à mener ses fouilles
de sauvetage.
Une équipe allemande travaille à
la citadelle d’Hérat, le Professeur Tarzi fouille à Bamiyan, de
même qu’une équipe japonaise. Une autre équipe japonaise procède
à de très importantes analyses chimiques des peintures. Une équipe
austro-allemande tente de faire l’anastylose des grands bouddhas détruits
par les talibans.
L’Université de Vienne a entrepris
la formation de nouveaux conservateurs pour le Musée de Caboul. Des
restaurateurs afghans ont fait des stages en Italie et au Japon.
Certains sites sont totalement détruits
tel Ai Khanoum, d’autres très abîmés comme Surkh Kotal et d’autres
encore sont inaccessibles comme le site de Bégram qui est bloqué par
l’armée américaine.
L’insécurité permet aux chefs de
guerre de promouvoir des fouilles clandestines dans l’espoir de trouver
des trésors monétaires et des Å“uvres d’art monnayables. Les monuments
islamiques sont dans l’ensemble plutôt bien restaurés par des équipes
locales et étrangères.
Les ONG s’occupent plus des problèmes
humains et plus particulièrement ceux des femmes.
Le magazine National Geographic a aidé financièrement Monsieur Paiman
pour les fouilles de sauvetage de Tepe Narenj, au sud de Caboul. A la
suite de trouvailles fortuites en 2004, l’Institut Afghan d’Archéologie
a mené plusieurs campagnes de fouilles permettant de dresser un plan
du site et de faire un certain nombre de découvertes : ce site est constitué
de plusieurs terrasses supportant des stupas et des chapelles dont certaines
étaient ornées de sculptures en terre. On y a en particulier découvert
une grande chapelle circulaire qui abritait les sculptures de
16 bodhisattvas sur le pourtour et un grand socle central, ce qui pourrait
évoquer un mandala.
Monsieur Paiman a aussi parlé des
fouilles de sauvetage d’un ensemble bouddhique remarquable à Ainak.
Ce site se trouve à proximité d’une mine de cuivre qui sera exploitée
par les Chinois et probablement détruit. On y a déjà trouvé de nombreuses
sculptures en terre et des peintures assez bien conservées, dont certaines
portent des inscriptions, ainsi que des monnaies des 5ème-6ème
siècles.