Conférence by Mrs Anne Ducloux (CETOBAC-EHESS)
March, 24th 2011
« Dans une société où le cloisonnement hommes/femmes demeure étanche et où il n’est pas de mise de montrer ses émotions personnelles, les funérailles, à Samarcande, favorisent l’expression de l’émotion collective des endeuillés, au cours de rituels souvent spectaculaires qui s’étalent sur toute une année. Le bon déroulement de ces rites de mort, destinés à traiter le corps et l’âme du défunt, assure l’efficacité rituelle attendue : protéger les survivants de l’âme du disparu. Car permettre à ce dernier de passer du statut d’être humain vivant, à celui de pur esprit ne suffit pas : son âme doit quitter définitivement la Terre et oublier ses proches pour rejoindre le paradis d’Allah, sans être tentée de revenir troubler les vivants. Enfin, grâce à ces diverses séquences rituelles, les deuilleurs recomposent leurs réseaux relationnels amputés du défunt, nul ne pouvant survivre sans appartenir à un ou des réseaux clientéliste, en Asie centrale. »